Intervention de Magali GALLAIS sur le rapport Général pour l'Egalité des Droits au Conseil Municipal du 17 février 2017.

Intervention Rapport Général pour l'Egalité des droits et

rapport de situation comparée

 

Cher.e.s collègues, c'est un rapport ambitieux ce soir qui nous a été présenté par Mme Ferreira de Sousa. Je tiens à m'associer à ses remerciements pour la qualité du travail qui a été effectué par le Service Evaluation des politiques publiques et Karine Plassard, Chargée de mission à l'égalité des droits.

En effet, pour développer une culture de l'égalité au sein de la Ville de Clermont, il nous faut avoir une lecture attentive de ce rapport. Après 3 ans d'existence de cette nouvelle délégation à l'égalité des droits, ce 1er rapport, d'autres suivront, doit être vu comme une 1ère étape, avant tout un outil quasi-pégagogique, vous informant de différents constats et analyses produits au sein de la collectivié. Ce travail n'avait jamais été engagé auparavant, à la ville de Clermont. Nous sommes une des premières grandes villes de France, c'est une obligation légale, à présenter ce rapport en Conseil municipal. Ce rapport pour l'égalité des droits, met en exergue des difficultés, des inégalités, voire des discriminations dans différents champs de nos politiques publiques à l'interne, procédant de schémas plus profonds qui sont aussi à l'oeuvre dans la société. Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes agentes et agents de la collectivité sont l'aboutissement de mécanismes genrés qui existent dans toutes les strates de la société mais aussi dans les entreprises privées où les inégalités salariales affleurent les 20 %

En premier constat, ce rapport tord le cou à bien des poncifs et des idées reçues, la première qui vient souvent à l'esprit est celle que le statut de fonctionnaire protégerait des inégalités salariales, chiffres et indicateurs à l'appui, ce rapport démontre le contraire.

Pour la première année la ville de Clermont a aussi réalisé un rapport de situation comparée et cela montre la volonté politique de cette majorité, à avoir effectuer ce travail de dentellière consistant exemplarité politique à mettre en œuvre une politique volontariste de lutte contre les discriminations et pour intégrer l'égalité dans sa politique de recrutement et de traitement salariale à l'interne de la collectivité.

En effet, vous constatons à travers les indicateurs de ce rapport, qu'il existe bien et bien ce que nous pouvons qualifier de ségrégation verticale et horizontale pour les femmes agentes c'est à dire par le constat d'une concentration de femmes dans certaines catégories et à des niveaux inférieurs de responsabilité. De plus, les femmes rencontrent de véritables freins professionnels, plus communément appelé « plafond de verre » dans leur mobilité dans une catégorie ou un grade supérieur, par exemple du passage de la catégorie c à la catégorie B . Cela est aussi corrélé aussi avec l'articulation des temps de vie des femmes entre emploi et famille, selon l'INSEE les femmes portent encore 80 % des tâches quotidiennes au sein de la famille. Les agentes de catégorie C sont aussi plus largement que les hommes de cette même catégorie dans des situations financières et sociales précaires. Les femmes de la collectivité recourt aussi plus largement que les hommes à des temps partiels pour raisons personnelles, ce qui veut dire dans la majorité des cas raisons familiales, ce qui entrave et ralentit leur carrière et leur promotion. ( la sociologie de la famille)

Après ces quelques constats, cher.es collègues mais qui posent néanmoins le décor d'un débat plus large sur les inégalités, la question de fond est : comment faire dans les prochaines années du RGED (et du RSC) pour qu'il devienne un outil de pilotage de nos politiques publiques afin de créer une véritable culture de l'égalité pour toutes et tous et évidemment transversal à tous les services au sein de notre collectivité ?

(La question essentielle et peut être un peu simpliste que vous pourriez être tenter de vous poser serait : comment effacer toutes les inégalités salariales et toutes les discriminations entre les femmes et les hommes au sein de la collectivité ?)

Malheureusement la réponse à cette question procède d'une analyse fine, d'une quasi-introspection sur les schémas qui aboutissent à ces inégalités aussi flagrantes. Mais ces constats vont demander pour remédier à ces inégalités et discriminations un travail sur le long terme devant être mené par toutes et tous dans tous les champs de nos politiques publiques : éducation, domaine social, vie associative, culture, sport, transports, espace urbain et publics… et bien d'autres.

Mais aussi un travail d'éducation dans dans tous les lieux où parfois, malgré nous les stéréotypes de genre sont à l'oeuvre et s'élaborent. Car ce qui créée avant tous ces inégalités entre les femmes et les hommes, ce sont les stéréotypes de genre et les préjugés sexistes qui se construisent au sein même de la société et dans les lieux de socialisation. Par exemple, c'est pour cela que tout le travail engagé sur la ville à hauteur d'enfant a aussi pour objectifs de former les personnels encadrant le temps péri-scolaire sur les activités non genrées et non sexistes.

Nous devons aussi oeuvrer sans relâche, à la mixité des métiers au sein de la collectivité, en effet les filières les moins rémunérées sont les filières administratives et médico-sociales où le taux de féminisation est le plus important, ce qui génère de forte disparités salariales par exemple au sein de la filière B de la ville. En effet, les hommes se concentrant dans les filières techniques où le régime indiciaire est plus favorable.

Nous devons donc aller plus loin : intégrer l'égalité au sein de notre politique de recrutement et de ressources humaines s'impose comme une nécessité incontournable. Afin d'atteindre ces objectifs, la ville de Clermont concourt aux Label « égalitée » et au label « diversité » afin de promouvoir la diversité au sein de la collectivité.

Mais aussi comme nous le faisons depuis des années avec Le Réseau femmes et maintenant avec la création récente du Réseau égalité des chances comprenant des associations promouvant la lutte contre les discriminations et véritables relais au sein des territoires et quartiers populaires de la ville. Par exemple, aussi avec la mise en place du « pass 3ème » à destination des collègien.ne.s de notre ville qui pourrons effectuer leur stage de découverte au sein des services de la ville et découvrir les métiers de notre collectivité.

Enfin, à l'heure dramatique où nous assistons à des politiques rétrogrades et des attaques sur les droits des femmes et des étrangers, aux Etats Unis, dans certains pays d'Europe, et peut-être que même, ici, en France, cela est bien plus proche que nous ne voulons le penser… Il est d'autant plus à saluer l'action exemplaire de notre majorité municipale en faveur de lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes et contre toutes les discriminations. (La Women's march du 21 janvier aux Etats unis)

Cher.e.s collègues, bien sûr, le travail sera encore long et demande une ambition politique renouvelée et un soutien de tous les groupes politiques de la ville mais c'est aussi avec les citoyennes et les citoyens de notre ville que nous avancerons (ex marches exploratoires)

Lutter contre les inégalités et les discriminations demandent une prise de conscience des mécanismes par toutes et toutes, il n'est pas temps de faire de la petite politique politicienne sur ces questions là mais bien de prendre le problème à bras le corps et lutter contre les stéréotypes de genre et les préjugés sexistes qui encombrent certain.e.s

Lutter en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes c'est aussi avoir conscience de ce qui nous limite, de ce qui ne fonctionne pas. Je rappelle que dans le département du Puy de Dôme, il n'existe pas de structure d'hébergement spécifique dédiée aux femmes victimes de violences.

Dans cette assemblée, comme à Clermont communauté nous avons fait passé un vœu voté à l'unanimité l'année dernière en faveur de la création de cette structure . Un an et demi après, rien ne se passe ! Je salue les engagements forts du Maire et Président de Clermont communauté sur cette question. Pour rappel, à Clermont, il existe seulement 7 places d'hébergement pour 300 femmes victimes de violences suivies chaque année par l'association AVEC. La situation des femmes victimes de violence est un drame, laisser la situation dans un statu quo morbide et ne rien faire est une honte

Je pointe ici même clairement la responsabilité de l’État et du Conseil Départemental sur cette question. Ce n'est pas la compétence de la ville de Clermont et la Métropole et pourtant nous nous engageons et nous proposons d'être des partenaires privilégiés. Alors qu'attendons nous pour chacun prenne ses responsabilité dans la protection et l'accompagnement des femmes victimes de violences ? D'autres morts, combien encore de situation de drames ? A quel chiffre le département et l’État accepteront enfin de piloter une conférence départementale sur les violences faites aux femmes pilotée avec les associations, les collectivités partenaires et les services de police et de justice devant aboutir à la création de cette structure d'hébergement ?

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