PROJET DE DECONSTRUCTION DE LA MURAILLE DE CHINE

Depuis quelques mois, le quartier Saint-Jacques à Clermont-Ferrand est au centre des discussions et préoccupe, à juste titre, un certain nombre d’acteurs dont en premier lieu les locataires de la Muraille de Chine et de l’Allée des Dômes.

Le projet de déconstruction de la Muraille de Chine et de la « barre » de l’Allée des Dômes concernera près de 520 logements sociaux. Autant dire que les enjeux et les défis sont de grande ampleur.

Nous considérons que le projet de déconstruction, qui s’inscrit dans le cadre de la programmation du plan ANRU 2, est essentiel pour la ville, l’agglomération et surtout pour les locataires concernés au premier chef. Il n’est plus acceptable, en effet, que des bailleurs sociaux et donc la collectivité publique, puissent offrir d’aussi mauvaises conditions de logements à nos concitoyens. L’état d’insalubrité, la vétusté des logements, la non adaptation du bâti aux normes actuelles d’accessibilité devaient pousser la puissance publique à agir.

Ce projet s’inscrit dans une vision globale de l’agglomération clermontoise. Il vise à renouveler la ville sur elle-même, comme l’indique le nouveau Plan Local de l’Urbanisme de la Ville voté le 04 novembre 2016 par le Conseil municipal. Il participera à donner un nouveau visage à une ville en pleine mutation avec des projets phares comme l’Hôtel Dieu ou l’aménagement du secteur Kessler/Rabanesse.

Si nous partageons donc les grandes orientations de la déconstruction du « vestige » de la Muraille de Chine, nous sommes et nous resterons exigeants quant aux questions liées aux conditions de relogement, au respect des locataires, à la mise en place d’un processus démocratique pour la reconstruction et l’aménagement du quartier Saint-Jacques.

 

  1. UNE CHARTE DES LOCATAIRES POUR LE RESPECT DES PARCOURS RESIDENTIELS

Afin de prendre en compte les aspirations des locataires, nous proposons la mise en place d'une charte du relogement à élaborer avec les habitant-e-s permettant un cadre de travail collectif et qui aurait pour objectif de fixer les principes du relogement, de formaliser les engagements collectifs et individuels des partenaires.

Nous considérons que la première question soulevée par le projet de déconstruction concerne les conditions dans lesquelles vont s’effectuer les relogements des locataires actuels de la Muraille et de l’Allée des Dômes. Il faudra d’abord permettre aux familles de s’approprier l’ensemble des processus de relogement. Tous les locataires doivent pouvoir posséder les informations sur les propositions et les possibilités de relogement dans le quartier, la ville et l’agglomération. Ils doivent être respectés dans leur volonté de rester ou de ne pas rester dans le quartier.

Il s’agit de leur donner la possibilité d’être les seuls maîtres des décisions concernant leurs parcours résidentiel. Aucune famille ne doit se voir imposer de force un relogement.

Les engagements pris lors des différentes réunions devront être tenus. Le processus doit se dérouler avec un accompagnement social sérieux et respectueux des volontés et des moyens financiers des ménages.  

  1. LE LOGEMENT SOCIAL POUR REPONDRE AUX BESOINS

La question du relogement est intimement liée aux problématiques de la reconstruction et du logement social. Le PLU clermontois fixe un objectif ambitieux de 30% de logements sociaux sur la ville. Les élus communistes ont d’ailleurs participé à inscrire ce taux dans les orientations du nouveau document d’urbanisme. Au regard de la demande grandissante et du nombre très important des ayants droits, nous pensons que l’effort doit s’amplifier.

Le logement social ne peut pas être réfléchi et présenté comme un type d’habitat seulement réservé aux plus pauvres. Le logement social, c’est avant tout du service public auquel la population doit avoir accès. A Clermont-Ferrand, faire le choix du logement social, c'est imposer l’intérêt public face aux logiques du marché. C'est faire le choix d’un droit à la ville effectif.

La construction de logements sociaux permet d’éviter d’accentuer une crise du logement quoi qu’il arrive existante et de mettre un frein à la voracité de la spéculation immobilière.

Si nous partageons l’idée de répartir mieux les logements sociaux dans la ville mais aussi dans l’agglomération clermontoise, la reconstruction sur le site de la Muraille ne pourra pas être conçue sans prendre en compte l’impérieuse nécessité d'offre de logement diversifiée et accessible à tous les foyers pour ne pas faire le jeu de grands promoteurs privés renchérissant les prix de l’immobilier.

  1. LA DEMOCRATIE POUR METTRE LES HABITANTS AU CŒUR DU PROJET

L’intérêt des habitants lors de la réunion publique du 26 septembre dernier, tenue à Saint Jacques pour présenter le projet, a démontré que la déconstruction de la Muraille préoccupait à la fois ses locataires et les habitant-e-s du quartier et de la ville. Le nouveau PLU clermontois souhaite faire de la démocratie un moyen central pour construire la ville. Il n’y aura donc qu’une seule manière pour lever les inquiétudes, pour respecter les volontés des locataires et pour répondre aux besoins et aux idées des habitants : c’est de co-élaborer le projet urbain avec eux.  Rien ne peut se construire sans une participation active des clermontois.

La maison du projet, présentée lors des différentes réunions, va dans le bon sens. Mais nous souhaitons pousser plus loin la participation de nos concitoyen-ne-s. Nous sommes favorables à une large concertation pour la reconstruction du site pour que le projet urbain profite avant tout aux clermontois-es. Cette méthode exigeante d’écoute et de prise en compte des idées citoyennes doit aussi permettre d’éviter que le site ne soit livré aux appétits des spéculateurs immobiliers. Ceux-ci voient la bute de Saint Jacques comme un « Belvédère » sur la ville pouvant avoir de juteuses répercussions pour leurs seuls intérêts privés.

Permettre aux habitant-e-s de s’exprimer, de proposer, de construire le quartier et la ville c’est se donner les moyens de la réussite. C’est favoriser de réelles réponses aux besoins et c’est surtout faire en sorte de retisser des liens indispensables au vivre ensemble.

 

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